Des tensions commerciales aux effets bien réels

Depuis début 2025, les États-Unis ont instauré de nouveaux droits de douane sur les produits européens : +20 % en moyenne, et jusqu’à 25 % pour certains secteurs comme l’automobile, l’acier ou l’aluminium.

Ces mesures touchent de plein fouet plusieurs filières stratégiques françaises :

  • L’aéronautique (Airbus, Dassault)
  • Les vins et spiritueux
  • Le luxe (LVMH, Hermès)

En 2023, les États-Unis représentaient 7,6 % des exportations françaises, soit 45,2 milliards d’euros. Cette guerre commerciale fragilise donc un pilier majeur de notre économie extérieure, tout en installant une forte incertitude sur les relations économiques transatlantiques.

 

Une dynamique qui pèse sur la croissance

Les effets sont tangibles : ralentissement des exportations, hausse des coûts, baisse de compétitivité. Selon la Banque de France, la croissance 2025 a été revue à la baisse (0,7 % contre 0,9 % initialement). Les entreprises les plus exposées évoquent déjà des arbitrages sur les investissements, ou des relocalisations partielles de leur production sur le sol américain pour contourner les barrières douanières.

Au-delà du choc direct, c’est l’instabilité commerciale mondiale qui incite à une reconfiguration plus profonde : diversifier les débouchés et, surtout, renforcer l’autonomie industrielle.

 

Nucléaire, batteries, semi-conducteurs : les piliers d’une stratégie d’autonomie

Face à cette nouvelle donne, la France renforce ses filières stratégiques pour mieux sécuriser son avenir industriel.

  • Nucléaire : le socle de l’indépendance énergétique

En 2025, la production nucléaire française progresse nettement, atteignant 130,1 TWh produits depuis le début de l’année, soit +6,9 TWh par rapport à 2024. Avec une chaîne complète maîtrisée (conception, production, traitement des déchets), le nucléaire reste aujourd’hui la filière industrielle la plus autonome de France, et un levier central pour la transition énergétique.

  • Batteries : réduire la dépendance à l’Asie

La France développe un écosystème complet de batteries pour véhicules électriques. Objectif annoncé : 170 GWh de capacité d’ici 2030, 17 milliards d’euros investis et 10 000 emplois directs. Ce secteur est essentiel pour accompagner la transition automobile, tout en sécurisant l’approvisionnement hors des chaînes asiatiques.

  • Semi-conducteurs : une montée en puissance stratégique

Depuis 2023, la méga-usine de Crolles a commencé à produire, avec un investissement de 7,5 milliards d’euros. L’objectif est clair : doubler la capacité française d’ici 2028. Une réponse à la dépendance actuelle vis-à-vis des fabricants asiatiques et américains, dans un contexte où ces composants sont devenus vitaux pour l’industrie, la tech et la défense.

 

D’autres filières à structurer pour renforcer l’autonomie

Outre ces piliers, d’autres secteurs font également partie des priorités françaises :

  • Hydrogène vert : en développement, il doit permettre la décarbonation de l’industrie lourde et du transport.
  • Agroalimentaire : forte autonomie sur les céréales, mais dépendance persistante sur les fruits et protéines végétales.
  • Aéronautique : bien implantée, mais vulnérable aux tensions internationales.

 Une stratégie industrielle indispensable

Les tensions commerciales actuelles montrent que la mondialisation s’oriente vers un modèle plus fragmenté, plus incertain, plus politisé. Dans ce contexte, la France ne peut plus se contenter d’être performante à l’export : elle doit être résiliente sur son propre sol.

La stratégie d’autonomie industrielle, soutenue par le plan France 2030, vise à renforcer la souveraineté sur les filières critiques, tout en créant des emplois qualifiés et en consolidant la compétitivité nationale sur le long terme.

 

En conclusion

L’augmentation des droits de douane américains agit comme un accélérateur de transformation. Elle révèle la vulnérabilité de certaines filières exportatrices, mais donne aussi un coup d’élan aux politiques industrielles de souveraineté.

Dans ce contexte, miser sur des secteurs clés comme le nucléaire, les batteries, les semi-conducteurs ou l’hydrogène n’est plus un choix d’innovation, c’est une nécessité stratégique.